Écran 98 pouces, clé USB, vidéo générée par un programme (1080p, 14h), 218 x 130 x 10 cm, 2020-2025
Posé au sol, un très grand écran représente l’image d’une pierre tombale dont les inscriptions ne cessent de se réécrire, comme si elle était encore vivante. Son prénom, ses dates et son épitaphe s’effacent et se réécrivent constamment. Son langage est rapide, heurté, ne finissant pas la plupart de ses phrases, comme trop pressée par le temps ou interrompue par l’instant fatal. Elle tente chaque fois de formuler malgré tout une dernière phrase — la dernière phrase, l’épitaphe idéale — mais n’y parvient jamais — n’émettant parfois même que des onomatopées.
Alors que les morts sont ceux qui, par définition, ne répondent plus jamais, Grave instaure ici la fiction d’une « mort zombie » qui continuerait à bugger ad vitam æternam, s’interrogeant sans cesse sur son existence et la meilleure manière de la résumer.
Le changement des noms, des dates de décès et la rééécriture constante du texte sont produites par un programme d’écriture textuelle générative conçu par l’artiste, à partir d’un ensemble de règles de langage et de statistiques. Le résultat est ensuite enregistré en vidéo sur une longue durée (14h), ce qui permet un dispositif d’exposition extrêmement simple.
Grave évoque ironiquement l’idéologie techniciste d’une réécriture illimitée de la vie, où tout resterait toujours modifiable, y compris après la mort. C’est donc aussi une vision de l’enfer, là où traditionnellement les âmes continuent d’errer sans jamais en finir ni trouver la paix. Le nom qui figure sur la pierre tombale est alternativement John ou Jane Doe, terme utilisé dans les pays anglophones pour les personnes inhumées inconnues. La date du décès varie constamment, mais la date de naissance est toujours 2020, année de création de l’œuvre.
Production avec le soutien de la Biennale Chroniques, 2020