Selphish

Avec Martin John Callanan, Alix Desaubliaux, Lauren Lee McCarthy
L’exposition réouvre aujourd’hui avec les œuvres au RDC seulement, sans celle de !Mediengruppe Bitnik
Commissaires d’exposition Thierry Fournier et Pau Waelder

Participant·es (dans l’ordre chronologique) : Flora Bousquet, Margot Saint-Réal, Will Fredo, Aina Coca, Raquel Herrera, Sophie Fontanel, Claire Valageas, Azahara Juaneda, Flore Baudry, Franck Ancel et Alexandra Ehrlich Speiser

Mécènes du sud Montpellier-Sète 
13 rue des Balances 34000 Montpellier
Réouverture du 20 mai au 22 août 2020, du mer au sam 10h-18h, entrée libre
Informations : www.mecenesdusud.fr – www.selphish.me

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Selphish aborde l’exposition de soi sur internet, par trois œuvres inédites qui se modifient chaque semaine pour former le portrait d’une nouvelle personne du public.

Dans les interactions que nous déployons sur internet, tout tourne autour de nous-mêmes. Tout ce que les plateformes nous proposent est adapté à nos préférences et on expose la meilleure version de soi : les réseaux nous aiment furieusement autocentrés. À l’intérieur de cette bulle de filtres, les autres nous partagent et nous likent, pourvu que nous les aimions aussi. Toutes les composantes de cet « ego en ligne » se traduisent ainsi par des données qui dressent un portrait, parfois très différent de la vie réelle. Le chercheur Bernard E. Harcourt a nommé société d’exposition (expository society) cette culture où le désir permanent d’exposition de soi permet une surveillance généralisée, pour laquelle la coercition n’est même plus nécessaire. En quoi l’objet culturel que constitue une exposition en art peut-il alors interroger cette « exposition de soi » sur les réseaux ? En quoi un tel projet peut-il provoquer une relation spécifique entre cette exposition, la ville et internet ? Peut-on relier le temps court et l’attention réduite des réseaux sociaux à la temporalité d’une exposition physique ?

Onze participant·es ont accepté que leurs profils Instagram et leurs traces sur Google soient lues (parfois en direct) par les œuvres qui les interprète sous forme d’images, textes, écrans, objets, impressions, etc. Chaque semaine, l’exposition toute entière est dédiée simultanément à une seule personne.

Faisant apparaître partout en écho des images de la participante exposée, l’exposition devient une représentation à grande échelle, exclusivement composée d’images issues des réseaux sociaux. Elle révèle aussi des informations sur les traces numériques, soulevant des questions liées à la surveillance. L’ensemble peut s’apparenter à un grand dispositif commun, dans laquelle les œuvres se font écho autour d’une même personne. L’espace d’exposition de Mécènes du Sud à Montpellier, qui est par ailleurs une vitrine, devient un lieu performatif dans lequel les identités numériques sont représentées et transformées par l’exposition – puis, dans une sorte de boucle, peuvent alors être réexposées à leur tour sur les réseaux sociaux.

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Les visites devront bien sûr observer les gestes barrière : deux personnes au maximum, avec masques obligatoires, gel hydroalcoolique offert à l’entrée, distanciation physique. Vous pouvez également prendre rendez-vous au 04 34 40 78 00.

Production : Mécènes du Sud Montpellier-Sète
Coordination : Marine Lang, déléguée générale, assistée de Mélia Berreur-Gély
Développement informatique : Maxime Foisseau et Alexandre Dechosal, Louis Rouffineau
Avec le soutien du DICRéAM, Ministe?re de la Culture et de la Communication / CNC

Œuvres

Martin John Callanan, We Wanted to Mean Something, 2020, Mac mini et programme, deux e?crans 19 pouces, imprimante laser couleur, papier 120g, bois et peinture acrylique, dimensions variables, conception de l’installation Thierry Fournier et Pau Waelder. 

Martin John Callanan explore la position de l’individu vis-à-vis des systèmes qui règlent la notre vie dans la société contemporaine. Son installation provoque une confrontation entre les posts Instagram des participant·es et des événements d’actualité survenus exactement au même moment, sous la forme d’un face à face entre deux écrans et d’impressions papier qui envahissent l’espace d’exposition. Son dispositif réflète le flux constant d’informations à l’échelle mondiale, à un rythme qu’aucun individu ne peut contrôler. Il amplifie et met en exergue la dimension fondamentalement publique de toute participation sur les réseaux sociaux.

Alix Desaubliaux, Géographies, 2020, série de onze vidéos (1080p couleur, stéréo) et de onze impressions 3D en céramique, plexiglas, bois et peinture acrylique, dimensions variables, conception de l’installation en collaboration avec Thierry Fournier et Pau Waelder. 

Alix Desaubliaux explore l’évolution de la notion d’identité à travers le jeu et la fabrication numérique. Elle crée ici un univers de jeu vidéo dont chaque niveau est composé visuellement avec les contenus du profil Instagram de chaque participant·e. Elle propose alors une vidéo en forme de machinima : une déambulation dans ces paysages numériques composés d’images et de texte animés, issus des informations récoltées sur le·la participant·e. Cet univers artificiel est projeté face à une série d’impressions 3D en céramique, composées à partir des “mondes” créés pour chaque participant·e.

Lauren Lee McCarthy, Autocomplete, 2020, Mac mini et programme, structure bois, e?cran 30 pouces et pied d’écran, chaise, tablette, plantes artificielles, bois, peinture acrylique et aérosol, dimensions 250 x 250 x 250 cm. 

Lauren Lee McCarthy travaille sur les modifications radicales des relations interpersonnelles liées aux technologies L’environnement qu’elle crée invite les visiteurs·euses à s’installer dans un espace mis en scène qui rappelle une salle de consultation médicale : couleurs pastel, siège baquet, plantes vertes… Ils sont confrontés à des phrases qui s’affichent sur un grand écran, auxquelles ils peuvent répondre. Ces phrases s’avèrent extraites du flux des posts de la participant·e ; les réponses du public apparaissent dans ses commentaires, ce qui crée une sorte de conversation disjointe et impossible entre inconnus.

Curateurs

Thierry Fournier (artiste et curateur) et Pau Waelder (curateur et critique) ont déjà collaboré plusieurs fois pour des projets d’exposition et de recherche. Chacun d’eux a fréquemment abordé les enjeux des relations entre réseau, identité et données, à travers plusieurs expositions dont notamment Données à voir, Heterotopia, Axolotl (Thierry Fournier), Real Time, Media Art Futures et Extimacy (Pau Waelder).

Le développement informatique du projet est assuré par Maxime Foisseau, développeur basé à Toulouse, familier du développement web, les applications mobiles et la visualisation de données des réseaux.