Lacunes

Série de 15 photogrammétries et impressions jet d’encre sur papier Canson Art Gloss, contrecollées sur dibond, dimensions 24 x 36 et 48 x 72 cm, 2025. Film HD sonore, 10’25, réalisation et musique Thierry Fournier, 2025.

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Les figurations des végétaux sont le plus souvent des représentations planes : herbiers, dessins botaniques, photographies… Le projet Lacunes fait l’hypothèse d’aborder la représentation de fleurs comme des organismes, en considérant leur espace et leur corporéité.

Les fleurs sont scannées en 3D, avec un dispositif de photogrammétrie : on réalise environ 200 photographies autour de chaque fleur, à partir desquelles un programme reconstitue un modèle 3D, dont sont extraites ensuite les images de Lacunes, sans retouche. Ces images sont planes à leur tour, mais elles peuvent être prises sous n’importe quel angle, dans le modèle 3D.

Cependant, l’impossibilité de ce dispositif à restituer tous les détails des fleurs et notamment les zones cachées à l’objectif, génère des manques, que le programme compense en créant des interpolations de forme et de couleur. Un geste d’ordre pictural apparaît alors, dans la signature de l’algorithme et de ses propres limites pour représenter le réel.

Ici apparaissent les lacunes qui donnent leur titre au projet : les limites de la vision de la machine, mais qui sont aussi celles de la vision humaine. Ces fleurs deviennent des organismes en volume, dans une vision à la fois très détaillée et incertaine, qui pose la question de leur corporéité.

Le film Lacunes rejoue le caractère non-humain de cette vision, en faisant réaliser un parcours automatisé par un programme, au sein du modèle 3D d’un massif de fleurs (une misère, Tradescantia zebrina). Le corps végétal organique devient un paysage : l’espace n’a plus d’échelle, le déplacement n’est pas humain. La musique déploie quant à elle un univers intérieur, fait de souffles, de craquements et de résistances, qui prolonge l’organicité de ce qui est filmé.

Production des tirages : Biennale Siana – Impressions : Studio Aza – 3D : Thomas Gendre.

Thierry Fournier, Lacunes, impressions jet d’encre sur Canson art Gloss (extraits) © Thierry Fournier / ADAGP


Lacunes, film 4K sonore, 2025 (extrait)

Thierry Fournier, Lacunes, film 4K sonore, 10’25, photogramme © Thierry Fournier / ADAGP

Thierry Fournier, Lacunes, vue d’exposition, SIANA 2025 © Thierry Fournier / ADAGP

Hairies

Impression fine art sur vinyle 500g, bois, 98 x 225 x 4 cm, 2020

Scans de corps déployés à plat et dont l’échelle est transformée.

Photos © Marie Boutevin, Thierry Fournier

Órganon

Solo show 2020

Exposition personnelle, Université Paul Valéry, Montpellier, du 18 septembre au 23 octobre 2020
Série de 32 dessins sur iPad, impressions fine art sur vinyle 500g, dimensions de 20×15 à 200×300 cm.

Voir également le catalogue de l’exposition paru en 2021, comprenant un entretien avec Nathalie Moureau et un texte critique de Juliette Fontaine, 146 pages couleur, Université Paul-Valéry Montpellier 3.

L’exposition Órganon investit l’ensemble du campus de l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 avec une série de 32 dessins créés sur iPad, imprimés sur des surfaces souples en vinyle. Il propose ainsi dans le même temps un ensemble d’œuvres et un protocole d’exposition, qui s’empare des qualités spécifiques d’un campus avec ses multiples espaces intérieurs et extérieurs. Réalisés à des échelles allant de quelques centimètres à plusieurs mètres, parfois suspendus dans les espaces publics, dans les arbres, parfois posés au sol, sur des parois ou des objets, ces dessins explorent un vocabulaire de fragments corporels d’origines inconnues.

Leur création sur tablette utilise des outils dérivés de médiums analogiques (formes de crayon, d’aérographe, d’huile ou de lavis) transformés et hybridés par des processus numériques : le médium et le support choisi rejoignent les enjeux même du projet. En grec ancien, le mot Órganon désigne un organe, un outil, un instrument ou une somme logique, comme celle d’Aristote. Il évoque ici un ensemble d’entités aux corporéités ambigües et multiples, corps humain ou artificiel, animal ou alien, des descriptions ou des traces qui amorceraient une prolifération sur le campus.