Long métrage, 1h41, 1:2.39, 2023, français + sous-titrages anglais
Réalisé par Thierry Fournier
D’après Richard II de William Shakepeare, traduction de François-Victor Hugo (1872). Adaptation et direction d’acteurs Thierry Fournier et Jean-François Robardet.
Avec: Emmanuelle Lafon (voix de Richard), Pierre Carniaux, Eloïse Chabbal, Aurélie Claude, Charles Gonin, Mathieu Guigue, Sophie Jaskierowicz, Marianne Kaldi, Emilie Legret, Alexia Mérel, Claire Moindrot, Judith Morisseau, Tram Ahn Ngô, Sandrine Nicolas.
« Richard II » de William Shakespeare dépeint avec une grande modernité le délire narcissique d’un pouvoir solitaire. Premier long-métrage de l’artiste plasticien Thierry Fournier, « Seul Richard » le met en scène en confrontant un Richard invisible en caméra subjective, dont la voix est jouée par Emmanuelle Lafon, et son peuple qui s’adresse à lui, incarné par des acteurs·trices et des étudiant·es, dans un parc et une forêt.
Tourné en quelques jours avec une seule caméra, une grande économie de moyens et des interprètes en lecture comme dans une assemblée, ce film propose une confrontation poétique et politique dont l’écran serait à la fois le miroir et l’interface.
Production Thierry Fournier & Pandore Production, avec le soutien de l’Ensad Nancy, Région Lorraine, Chartreuse-CNES, Dicréam, Le Fresnoy studio National des Arts Contemporains.
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Installation – film génératif 4K sonore, écran LCD 24 pouces de récupération, plaque de leds 60 x 40 cm, impressions sur transparents, papier, calque, adhésif, câbles, ordinateur portable, haut-parleur bluetooth, tables, 500 x 70 x 80 cm, 2022.
The Unknown
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Installation – film génératif 4K sonore, écran led 600 x 400 cm, 2022.
Grave
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Installation – écran 65 pouces, clé USB, vidéo générative (1080p, durée infinie), 145 x 80 x 8 cm, 2020.
La Sonde
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Installation générative – projecteur lumineux, caméra, écran, diffusion sonore, ordinateur, programme, câbles, dimensions variables. Création dans le cadre de L’Art dans les chapelles, Malguénac, 2020
Penser voir
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Installation en ligne – webcam en direct et pièce sonore (mp3, 9’47, en boucle), 2018
Seul Richard
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Film (2023) et installation (2018), adapté de Richard II de William Shakespeare (2008-2023)
Format 1:2.35, couleur, son stéréo, 1h40
Création de l’installation au Fresnoy, studio national des arts contemporains
La Promesse
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Installation – impressions sur toile, projecteurs asservis, 1500 x 370 x 250 cm, 2016
Just in case
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Installation – vidéo (1080p, muet, 7 secondes), clé usb, écran LCD, pied, 170 x 75 x 75 cm, 2015.
Version NFT : gif animé, 7 secondes, 2022
Ecotone
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Installation en réseau – ordinateur et programme, vidéoprojection sonore ou écran HD, dimensions variables, 2015
Sous-ensemble
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Installation interactive – capteurs infrarouges, coques acier, pieds de micro, enceintes spériques, câbles midi et audio, amplificateurs, ordinateur et programme, métal, bois, tapid de danse noir, projecteurs, 2015.
Noli me tangere
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Installation interactive – caméra infrarouge, ordinateur et programme, micro Neumann U87 sur pied, mur d’enceintes de sonorisation et de caissons de basses, amplificateurs puissance totale 1200 W, 3 pédales de guitare (fuzz, saturation, distorsion), câbles, 2013.
Précursion
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Installation générative en ligne – production d’une série de plans vidéo in situ, ordinateur et programme, capture de flux textuels d’actualités en temps réel, projection vidéo, diffusion audio, 2014.
A+
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Installation interactive – caméra, ordinateur et programme, écran, coque acier, 2013 ; version avec écran sur pied, 2020
Walden
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Installation interactive – caméra, ordinateur et programme, videoprojection, diffusion sonore, 2012
Limbo
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Installation interactive – caméra, projecteur infrarouge, vidéoprojecteur, programme, dimensions variables, 2010-2018
Set-up
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Installation sonore – lecteur mp3, enceintes amplifiées, dimensions variables, 2010
Extraits sonores :
Step to step
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Installation interactive – caméra et projecteur infrarouge, ordinateur et programme, vidéoprojection sonore, socle en bois, peinture blanche, dimensions variables, 2009.
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Installation interactive – caméra et projecteur infrarouge, ordinateur et programme, vidéoprojection sonore, socle en bois, peinture blanche, dimensions variables, 2007.
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Performance – interprète et TV en direct, 2007, avec Emmanuelle Lafon
Création dans le cadre de Conférences du dehors, Chartreuse de Villeneuve lez Avignon – Centre national des écritures du spectacle.
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Installation interactive, Samuel Bianchini et Thierry Fournier – socle et souris ou pad ou ou écran tactile, ordinateur et programme, videoprojection, diffusion sonore, 2005. Avec la voix de Maryseult Wieczoreck
Electric Bodyland
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Installation interactive – camera, ordinateur et programme, diffusion sonore, tapis de danse, 2003
Texte de Cyril Thomas pour la publication Step to step, Presses de l’École des beaux-arts de Rennes, 2008
Tandis que la console Wii et la plateforme qui l’accompagne, le Wii Balance Board, font les beaux jours de l’entreprise Nintendo depuis 2007, dans le champ artistique, un plasticien repense les fondements même du divertissement sportif en l’associant aux expérimentations des années soixante et soixante-dix initiées par des chorégraphes tels qu’Yvonne Rainer . Un socle blanc pour poser ses pieds, une vidéo sur laquelle un professeur de gymnastique enseigne une séquence d’aérobic sur un « step », des capteurs, voici en quelques mots, la nouvelle installation de Thierry Fournier réalisée à Rennes. Pas de mise en valeur d’un corps sportif lié au jeu, il s’agit avec cette oeuvre multimédia d’oublier le ludique pour se concentrer sur une certaine forme de gestuelle et de danse.
La gestuelle du spectateur sollicité par le dispositif vient perturber le déroulement de la narration filmique. Thierry Fournier détourne la leçon de « fitness » qui dès lors perd son objectif initial et plonge le spectateur, sorte d’apprenti gymnaste dans un état de latence, dans une incompréhension. Le spectateur est prisonnier d’un paradoxe initié par l’artiste car le corps en mouvement devient l’instrument qui interfère avec la vidéo, la brouille, la ralentit jusqu’à un seuil presque critique : l’arrêt. Filmé en plan fixe, sur un fond neutre (qui annule presque toutes les références aux K7 et DVD de fitness vendus depuis les années 80), la séquence du « coach » contient intrinsèquement une matière burlesque liée à la répétition et à l’insistance sur certains mouvements reproduits inlassablement. Le ralenti exerce le rôle d’un révélateur en accentuant ostensiblement le comique. Le professeur se métamorphose en un automate victime d’avaries. Pièce qui serait atypique pour cet artiste, si elle ne dévoilait pas rapidement son enjeu : la cadence . En effet, dans cette production, l’activité sportive est envisagée par le biais de deux extrêmes : l’agitation frénétique et la lenteur voire la langueur. Ce rapport apparaît clairement sur les parties sonores : le rythme de la musique techno se modifie. Elle renonce à toute régularité tandis que la litanie des encouragements et des indications de l’animateur sportif se mute en une espèce d’ânonnement. Le dispositif entraîne le spectateur dans un premier temps dans une appréhension spatiale, liée à la relation entre lui et l’écran (c’est-à-dire au déplacement du spectateur sur le socle) pour progressivement l’amener à réfléchir au mouvement par le biais du ralentissement du geste filmé puis à la temporalité. Ainsi, la cadence de la musique perçue (de la techno aux mesures régulières) et celle de la voix se distordent et soulignent l’étirement progressif de l’action filmique. Cette lenteur parasite le discours, l’élan et l’entrain de l’animateur. De ce brouillage naît une focalisation sur le rituel, la répétition et la syntaxe convenue ; employés pour ce type d’activité. Step to Step renverse la perspective et invite à penser, non pas le corps dans les gesticulations et les trémoussements mais l’inertie, sur une cadence devenue presque atone.
Si l’installation intitulée Electric Bodyland (Festival Synthèse 2003) jouait avec les transformations sonores liées aux interactions, dans Step to Step, Thierry Fournier s’applique à décortiquer le lien entre sport et danse dans cette installation interactive afin de construire un appareillage chorégraphique. En 2008, il conçoit avec Samuel Bianchini et Sylvain Prunenec (chorégraphe et danseur) une performance intitulée Réanimation. Dans une approche plus liée à l’idée de résurgence des corps et de spectre, les spectateurs et un danseur générant la musique en temps réel se font face de part et d’autre d’un écran opacifié par l’image d’un brouillard. La présence des spectateurs fait apparaître sur l’écran des silhouettes noires et mobiles qui permettent de voir à travers elles. Step to step, pris sous l’angle de la sculpture, s’inscrit dans une lignée où le rapport au socle dans la sculpture contemporaine est questionné : de Robert Morris à certains minimalistes mais en passant par le Singing Sculpture (pratique artistique de Gilbert and George qui débuta en 1969 dans toute l’Europe avant d’obtenir la consécration lors du vernissage de la galerie Sonnabend à New York en 1971), par la Living sculpture (1972) de Gilbert and George et par l’œuvre Untitled (Go-Go Dancing Platform) (1991) de Félix González-Torres . Ces quatre œuvres développent une thématique commune autour du geste, de l’amorce d’une danse en devenir, c’est-à-dire pensant le socle à la fois comme une surface où est posé l’objet à regarder mais également comme l’activateur d’une transformation importante : la sculpture n’est plus un agencement de matériaux, ou un élément isolé et travaillé par la main de l’artiste, mais devient le corps de l’artiste lui-même en action durant un temps déterminé. Le support de Step to Step reste l’interface facilitant l’interaction entre les autres composants de l’installation, mais il contraint le spectateur à ajuster ses mouvements pour concevoir l’ ébauche d’une chorégraphie. Par conséquent, Step to Step facilite la prise de conscience à la fois des mouvements physiques du spectateur dans le temps et dans l’espace, et des interconnexions, des parasitages que les gestes produisent sur le film créant une étrange circulation, sorte de ballet autour du socle blanc et sur lui. L’interaction conserve une place importante dans ce dispositif, cependant l’objectif final demeure ailleurs. Thierry Fournier décale le sens en proposant aux spectateurs d’assumer leur part d’indécision, voire d’opter pour l’inaction afin que la narration filmique puisse avoir lieu.