Seul Richard – installation

Installation, 2018. Vidéo (format 1:2.35, couleur, son stéréo, 1h40, en boucle), bras robotisé, ordinateur et programme, bois, toile, aluminium, vidéoprojection sonore, hauts-parleurs et amplificateur, tapis de danse, matériaux divers, 600 x 600 x 215 cm.

D’après Richard II de William Shakepeare. Traduction : François-Victor Hugo (1872). Adaptation et direction d’interprètes Thierry Fournier et Jean-François Robardet. Interprètes : Emmanuelle Lafon (voix de Richard), Pierre Carniaux, Eloïse Chabbal, Aurélie Claude, Charles Gonin, Mathieu Guigue, Sophie Jaskierowicz, Marianne Kaldi, Emilie Legret, Alexia Mérel, Claire Moindrot, Judith Morisseau, Tram Ahn Ngô, Sandrine Nicolas.

Design de l’installation avec Jean-Baptiste Droulers en dialogue avec l’atelier du Fresnoy, programmation Etienne Landon et Mathieu Chamagne, montage son et mixage avec Marie Léon.

Production du film : Pandore Production, Ensad Nancy (atelier de recherche et création Electroshop), avec le soutien de la Région Lorraine, de la Chartreuse-CNES et du Dicréam / CNC. Production de l’installation : Le Fresnoy – Studio National des Arts Contemporains.

En vigie

série de vidéos génératives, 2017

Série de vidéos génératives, format 16/9e, 20’, sonore, en boucle
écran LCD, clé usb, diffusion sonore, 2018

En vigie est une série de vidéos génératives, qui instaure une relation paradoxale entre le regard et l’attente. Un paysage choisi au bord de la mer ou d’un fleuve est filmé en plan fixe. L’image est ensuite interprétée par un programme : chaque mouvement est mis en évidence par une surbrillance, comme une luciole. L’ensemble de ces mouvements commande le déplacement d’une tête de lecture dans un crescendo d’orchestre, qui ne cesse de varier et dont le climax ne se produit jamais.

À travers cette situation de suspens cinématographique artificiel, le paysage et l’horizon deviennent l’objet d’un regard partagé entre humain et machine, qui interroge nos limites mais également les formes contemporaines d’une surveillance augmentée – dont le territoire de la Méditerranée est particulièrement investi.

La série comprend trois vidéos autonomes : En Vigie / Strasbourg en 2017, En Vigie / Nice et En Vigie / Venise (2018), chaque fois d’une durée de 20’ environ, en boucle.

En Vigie / Nice est présentée dans le cadre de l’exposition personnelle Machinal, Villa Henry, Nice, du 25 mars au 28 avril 2018, accompagnée d’un catalogue, avec un texte de Céline Flécheux et un entretien avec Isabelle Pellegrini.

Sous-ensemble

installation, 2015

Installation interactive – capteurs infrarouges, coques acier, pieds de micro, enceintes spériques, câbles midi et audio, amplificateurs, ordinateur et programme, métal, bois, tapid de danse noir, projecteurs, 2015.

Dans un espace semblable à un studio de musique déserté (pieds de micros, enceintes, câbles…), la présence des spectateurs fait apparaître le son d’un orchestre symphonique qui s’accorde, instrument par instrument. L’accordage ne s’arrête jamais : l’orchestre peut parfois se reconstituer lorsqu’un groupe est présent mais le son demeure en suspens, naissant et disparaissant au gré du comportement des spectateurs.

Dans cette relation en miroir entre les visiteurs et les musiciens absents, on expérimente l’apparition d’un moment collectif, à travers l’archétype qu’en constitue un orchestre. D’autres visiteurs pourraient entrer, la musique pourrait commencer, mais elle reste au seuil. Le collectif demeure « en formation ».

Photographies d’exposition, festival Ososphère, Opéra de Strasbourg, 2017 :

Avec la collaboration de l’Orchestre national de Lille. Ingénierie, son et collaboration artistique : Jean-Baptiste Droulers. Programmation informatique : Mathieu Chamagne. Dispositif de captation : Alexandre Saunier. Tournage trailer : Emmanuel Simiand. Production : Bipolar / Mathieu Argaud. Production déléguée : SMartFr / illusion & macadam. Coproduction : Lille3000 / Festival Renaissance, Orchestre National de Lille, Pictanovo. Avec le soutien du DICRéAM (Ministère de la Culture et de la Communication / CNC) et du Fresnoy – Studio National des arts contemporains. Photographie orchestre © Ugo Ponte 2015

Ghostwriter

création radiophonique, 2012

Série de quatre pièces sonores
Bruno (30″), Heather (30″), Julie (30″), Senator (30″). Création radiophonique pour le festival Bouillants, 2012

Quatre voix de synthèse s’approprient le même message radio en le faisant chaque fois proliférer et délirer selon leurs propres codes : rêve érotique, langue de bois politique, répondeur de Pôle Emploi, touriste américaine.

Production : Festival Bouillants #4.

Set-up

installation sonore, 2011

Installation sonore, 2010
Avec la collaboration de Juliette Fontaine et Jean-François Robardet
voix : Juliette Fontaine

L’installation délivre des ordres aux visiteurs par l’intermédiaire d’une voix semblable à celle d’une compagnie aérienne : « tout va bien se passer, merci », « tous à terre, merci », etc. En jouant sur l’ambiguïté entre œuvre, médiation inutile et message de service, l’œuvre évoque ironiquement le fantasme d’un contrôle curatorial sur les spectateurs.




Sirène

installation, Samuel Bianchini et Thierry Fournier, 2005-2010

Installation interactive, Samuel Bianchini et Thierry Fournier – socle et souris ou pad ou ou écran tactile, ordinateur et programme, videoprojection, diffusion sonore, 2006-2009. Avec la voix de Maryseult Wieczoreck

Sur un écran noir figure un point blanc qui suit le toucher du spectateur. Sans activité, le dispositif diffuse un son de souffle humain à peine perceptible. En déplaçant le point, une voix féminine se manifeste ; les sons qu’elle émet se déploient selon les mouvements de la main, s’accélèrent ou ralentissent, circulent ou stationnent.

La voix passe du souffle au murmure, du chant au cri ; explorée dans sa matière même par le geste, elle réagit à lui et, dans le même temps, l’appelle. Cette navigation à l’aveugle ouvre un dialogue qui appelle à la fois le geste instrumental et la caresse. Un corps sonore se déplie et s’étend selon l’exploration tactile qui en est faite, mais dont l’interprétation, tant sensuelle qu’intellectuelle, est offerte au spectateur.

Frost

performance, Thierry Fournier et Jean-François Robardet, 2008

Performance, 2008
Thierry Fournier (dispositif interactif et protocole de performance) / Jean-François Robardet (sculpture et texte). Cycle de performances Conférences du dehors.

Frost consiste à parcourir une sculpture composée d’un ensemble de blocs de polystyrène avec un micro, face à un amplificateur en limite permanente de larsen. Traité par un programme qui en amplifie les détails, le son est joué par le geste du performer qui le module et en excite les résonances en parcourant la sculpture. Les son que provoque le performer deviennent la métaphore sonore d’un paysage polaire et d’une architecture. Le geste résulte à la fois du jeu et de la résistance indispensable aux menaces sonores du dispositif, comme une survie en milieu hostile.

La performance est née d’une légende urbaine transmise par Pauline Cunier-Jardin à Jean-François Robardet, relatant que de jeunes chômeurs finlandais choisissaient d’aller garder les rennes dans la toundra pour trouver du travail. Certains, ne résistant pas à la solitude, se suicidaient en partant marcher la nuit, nu dans la neige.

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Feedbackroom

installation interactive, 2007

Installation interactive – caméra et projecteur infrarouge, ordinateur et programme, vidéoprojection sonore, socle en bois, peinture blanche, dimensions variables, 2007

Coproduction Ecole nationale supérieure d’art de Nancy / Atelier de recherche et création Electroshop / Alliance Artem. Feedbackroom a donné lieu à la publication d’un DVD, édité en 2009 par les Éditions du Point d’exclamation et les Éditions du Parc / ENSA Nancy.

Un micro sur pied, au centre d’une salle obscure, réagit par des larsens hurlants et saturés à la présence et aux mouvements des visiteurs. Chaque geste ou déplacement module le son, instaurant à la fois une sensation accrue de son propre corps, et celle d’un organisme dangereux habitant l’espace. La salle est intégralement noire : seuls les corps qui la traversent sont accompagnés de leurs ombres en négatif, blanches, vibrantes et pixellisées, trace électronique du son qu’ils génèrent. Le dispositif évoque à la fois une « poursuite » de spectacle et un dispositif de surveillance et de conflit.

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Vers Agrippine

pièce musicale et performance, 2004

Pièce musicale et performance, 2004
Avec les voix de Hiromi Asaï et Véronique Gens.

Vers Agrippine prend pour point de départ l’opéra Agrippina de Haendel. Elle déploie un principe de « profondeur de temps », à travers une navigation physique dans la temporalité de la musique. Un geste extrêmement lent de la main dessine un parcours parallèle sur trois têtes de lecture : les trente premières secondes de l’ouverture de l’opéra, la première phrase parlée (récitatif) et la première phrase chantée. Ce parcours au ralenti dans la matière de l’orchestre et de la voix laisse apparaître une autre musique, qui se déploie à la fois dans un intérieur microscopique et comme dans l’approche aérienne d’un paysage.

Vidéo d’une performance, Kawenga, Montpellier, 2010 :

Commande musicale du Studio-Théâtre de Vitry et de Frédéric Fisbach en 2004. Photographie Frédéric Nauczyciel.

Machine à histoires

installation sonore interactive, 2004

Installation sonore interactive, 2004
Design des objets du jardin : Zarko.
Paysage : Pascale Langrand et François Schelameur.

Le Jardin du Nombril du Monde est un projet collectif construit autour d’une mythologie fictive, qui désigne Pougne Hérisson (200 habitants, Deux-Sèvres) comme le « Nombril du Monde », lieu « d’où sont parties et où doivent revenir toutes les histoires ». Le dispositif de Machine Histoire est composé de plusieurs micros avec lesquels les visiteurs sont invités à déposer des histoires, et d’un ensemble de hauts-parleurs répartis dans l’ensemble du jardin qui diffusent en mouvement toutes les histoires précédemment déposées. Chaque visiteur constitue son propre parcours dans un paysage vocal et sonore auquel il a lui-même contribué. L’espace se construit et s’accumule au fil du temps : nourri, parcouru et interrogé par les visiteurs eux-mêmes.

Extrait d’une captation sonore :

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Ping Pong

Création musicale, 2003

Création musicale, 2003
Juliette Fontaine et Thierry Fournier

Ping-pong a été composée par aller-retours de fragments sonores avec Juliette Fontaine et une performance sur laptop. Tous les gestes de manipulation des processus en temps réel, de l’ordinateur et des instruments sont repris en direct par un micro et amplifiés.

Electric Bodyland

installation sonore, 2003

Installation interactive – camera, ordinateur et programme, diffusion sonore, tapis de danse, 2003
Création en résidence au festival Synthèse 2003, Institut de Musique Electroacoustique de Bourges

Electric Bodyland est une installation musicale interactive. Chaque mouvement ou déplacement d’un visiteur produit une navigation à l’intérieur d’une pièce musicale électronique qui se compose, se mixe et se spatialise au gré des manifestations du corps.

Individuellement ou collectivement, les spectateurs explorent et jouent leur propre version d’une partition ouverte, dans une sculpture sonore qui se parcourt de l’intérieur.

Les Paravents

création musicale pour la scène, 2003

Pièce de Jean Genet / mise en scène de Frédéric Fisbach, 2003
Création musicale, son, spatialisation, dispositif temps réel

Pièce monstrueuse prenant pour cadre l’Algérie coloniale avec ses quatre-vingt-seize personnages, la mise en jeu de plans successifs, la simultanéité de certaines scènes, le survol d’un territoire en guerre, Les Paravents ont été mis en scène en 2002 par Frédéric Fisbach avec trois acteurs, deux vociférateurs, un interprète musical et le théâtre de marionnettes japonais Youki-za.

« Les Paravents apparaît comme une proposition pour un théâtre total, une fête comme l’écrit Genet, où le texte, dit ou chanté, accompagne l’action poétique qui se déroule sur des scènes, des paravents et des écrans. Les Paravents sont porteurs d’un rêve ou d’une vision du théâtre – une comédie et aussi une fête grave, destinée aux vivants comme aux morts. Un poème pour la scène, et c’est bien cette dimension poétique qui ravive le politique – en ce sens qu’il offre aux regard, à l’esprit et au talent du spectateur, une vision du monde » (F. Fisbach). La partition musicale et sonore est interprétée en direct par Jean-Baptiste Droulers, intervenant à la fois sur la diffusion des voix et des espaces sonores, et l’interprétation de la pièce musicale.

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Une approche musicale globale, de la voix au son et à la musique

Les Paravents sont construits à l’image d’une fugue, exposant et développant un entrelacs de situations, de plis et de motifs, jouant des temps et des espaces en les faisant se superposer, s’interrompre et parfois se contredire, sans jamais laisser s’installer un propos unique. Face à cette forme, l’exigence constante de Frédéric Fisbach en matière d’écoute, de prosodie et d’équilibre sonore des situations a suscité un travail d’élaboration sonore et musicale ne perdant jamais de vue sa relation au texte. De ce fait, la première singularité de notre approche a consisté à toujours travailler simultanément sur l’amplification et la spatialisation des voix des comédiens, sur le son de la pièce, et sur la composition d’une partition musicale. Ces trois domaines se croisent en permanence au cours du spectacle, ils sont joués en direct par Jean-Baptiste Droulers, qui joue à la fois le rôle d’interprète musical et de régisseur son. Cette notion de jeu et de direct est importante, le suivi des voix et le jeu des musiques se font en parallèle, en relation étroite avec les acteurs et la dynamique de leur jeu. Ce rôle s’apparente en quelque sorte au joueur de shamisen du bunraku – ici, un shamisen électronique.

Nous avons choisi d’amplifier et de spatialiser les voix pour plusieurs raisons. Frédéric Fisbach voulait éviter le plus possible la projection vocale typique du théâtre. L’amplification permet une grande proximité et une plus grande richesse d’intensités.
Mais elle permet également de différencier clairement des plans vocaux distincts, ce qui est le cas par exemple entre les acteurs et les vociférateurs – ou entre le monde des vivants et celui des morts. Ici intervient la spatialisation, qui va dans le sens de la dramaturgie : la pièce se déploie progressivement par un montage de situations alternées, dans lesquelles la différenciation des espaces vocaux prend tout son sens. Les images sonores se développent principalement autour de ce que l’on pourrait appeler « le monde extérieur » (les militaires, les colons, les combattants, les prostituées…), celui des situations et des conflits. Elles évoquent des espaces ou des sons de façon fragmentaire, interrompue – leur statut pourrait être comparé à celui des paravents: évoquer des situations, mais à distance et comme en modèle réduit.

La partition musicale, quant à elle, se déploie autour des deux autres mondes de la pièce que sont les Orties (Saïd, Leila et la Mère), et le monde des morts. Les Orties portent autour d’eux un univers de vibration électronique, une masse pulsatoire qui les accompagne et découpe l’espace autour d’eux, comme pour les isoler. Dans le monde des morts, plus de son, plus de bruits, seule une variation orchestrale de clarinettes, de frottements d’anches et de percussions (lames et gamelans), qui laisse percevoir la suspension du temps, et se déploie au cours des trois derniers tableaux.

Thierry Fournier
avril 2002

Sweetest Love

création musicale pour le cinéma, 2002

Série de pièces musicale pour trois voix et électronique, 2002
Sweetest Love a été créé pour le film de Anne Théron Ce qu’ils imaginent (2002), avec Marie Trintignant, Marc Barbé, Aurélien Wik, Anne Cantineau, Julie Gayet. Interprètes de la musique : Jean-François Chiama (ténor), Jean-Christophe Jacques (baryton), Jean-Loup Pagésy (basse), Thierry Fournier (électronique)

Sweetest Love est une série de pièces composée sur des textes de John Donne, poète et philosophe du XVIe siècle, contemporain de Shakespeare (Song, Women’s constancy, A fever). Ecrite pour trois voix d’hommes (ténor, baryton, basse) et électronique, la pièce alterne solis et trios, parties a capella et ensembles avec ordinateur. Sur un registre principalement mélodique, elle explore la plus grande fragilité possible des voix et un rapprochement extrême des trois tessitures vocales, confrontées à une écriture électronique dense et saturée.

Extraits :



Bande-annonce du film :

L’architecture du paradis

création musicale, 2000

Création musicale pour quatre voix et électronique, 2000
Interprètes : Armelle Orieux (mezzo-soprano) Laura Gordiani (alto), Vanda Benes et Lyndee Mah (voix parlées).

L’Architecture du Paradis est une pièce musicale en cinq sections créée pour l’installation éponyme de Marie Sester au SFMOMA en 2000. Ecrite pour quatre solistes vocaux et électronique temps réel, elle est fondée sur les extraits du Timée-Critias de Platon décrivant l’histoire et le rôle de l’Atlantide. Le texte est chanté dans sa version anglaise; il est dit par les deux comédiennes, en français et en anglais. Extrait de de son contexte historique spécifique, il évoque des réflexions sur la notion de société idéale, et ses contreparties en matière de domination politique. La pièce se construit dans une tension entre un duo alto et soprano, une lecture du texte par les deux comédiennes, l’écriture électronique et les transformations vocales en temps réel.

Extraits :


Photographie © Marie Sester 2000.

La Mue de l’ange

création scénique en réseau, 2000

Création scénique en réseau, 1999-2000
Isabelle Choinière (chorégraphie et scénographie) et Thierry Fournier (dispositifs et musique interactifs)

La performance La Mue de l’ange propose un travail sur les projections et transformations parcourues par le corps à travers le réseau. Deux danseuses évoluent et dialoguent à partir de deux sites distants. Chacune des deux interprètes génére par sa danse l’ensemble des images et des sons de son environnement propre, qui sont également transmis à son interlocutrice. La création musicale de la pièce associe deux partitions entendues simultanément, générées par les danseuses en temps réel, puis échangées via le réseau – chaque site donnant à entendre une hybridation spécifique de ces deux formes.

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Synopsis

Le spectacle se déroule simultanément sur deux sites, reliés en réseau par internet et visioconférence. Sur chacun des deux sites se trouvent à la fois une interprète et un public. En permanence, les deux interprètes génèrent et échangent en temps réel les sons et les images qui proviennent de leur gestuelle. On peut donc voir et entendre chaque interprète, dans l’espace de l’autre. Cet échange les place dans une situation d’interaction constante et immédiate : entre leur corps réels, leurs projections dans l’espace sonore et visuel, et les transferts qui se produisent entre les deux sites. Toute gestuelle a une incidence directe et immédiate sur l’espace et le son qui l’entoure, mais également vers l’espace et le son du site distant – et réciproquement. L’ensemble se comporte comme une matrice, à entrées multiples. L’apparition dans le champ d’un autre acteur distant introduit une perturbation permanente, qui instaure la relation entre les deux interprètes et leur public dans un état d’équilibre instable, parfois sauvage. Ce « double électronique commun » se construit ainsi dans un temps accéléré, bouclé et suspendu. Le temps immobile de l’image se déplie ainsi dans une autre perspective temporelle, où l’accélération produit la trace d’une entropie devenue visible et active.

Nous avons construit une écriture composée, où les corps et leurs espaces se répondent et se stimulent à un niveau à la fois formel et organique. Il ne s’agit pas d’une écriture composite, constituée de niveaux chorégraphiques / musicaux / visuels / lumineux, mais plutôt d’une « construction de synthèse », élaborée à partir des traces produites par le corps dans les situations de média que nous avons mises en oeuvre. Dans ce contexte, les domaines disciplinaires perdent de leurs contours. Le geste relève à la fois d’un mouvement dans l’espace, de l’organisation d’un flux lumineux, d’un geste instrumental, et de la composition d’une forme vidéo, transformée lue à distance. Nous parlons donc d’interprètes, au sens ouvert du terme. L’écriture se construit en parallèle, dans un ralenti permanent des situations de feedback produites par le dispositif.

La partition musicale et sonore est construite à partir d’éléments vibratoires et rythmiques, et des différentes manifestations du corps, de la voix et du souffle dans le mouvement. L’ensemble – oscillations, synthèse, traitement vocal – est à la fois généré et transformé par le geste, via un programme écrit spécifiquement pour le spectacle : la production sonore, ses timbres, ses intensités, sont dépendants de la gestuelle des interprètes dans l’espace, et de leur dialogue via le réseau. Les voix et le geste sont captés par un ensemble de micros placés sur le corps. Ces données sont échangées en temps réel entre les deux sites. Dans ce système, le geste contrôle à la fois la production des matériaux sonores, mais également le traitement et la spatialisation de la voix même de l’interprète. La visioconférence prend en charge pour sa part l’échange des traitements vidéo des images, ainsi que la diffusion en duplex du son et de la musique.

Ce système d’interrelations se déploie progressivement au cours du spectacle, commençant par un ensemble de traces vocales dans un espace indéterminé, pour se terminer par une section où le seul matériau instrumental est constitué par les feedbacks sonores produits entre les micros des interprètes et les hauts-parleurs qui les entourent – situation où le mouvement et la position dans l’espace constituent l’origine unique de la production sonore : la relation entre le corps et l’espace devient ici un instrument. A l’issue du spectacle, c’est le son du public lui-même qui est capté et mis en boucle entre les deux sites, rendant sensible l’espace sonore de la transmission.

La structure de la musique est parcourue singulièrement par les interprètes à chaque représentation. Ce qui est entendu par le public résulte de l’intersection entre cette « partition virtuelle » et de ce qu’en font les interprètes. Nous avons ici fait le choix de maintenir le risque lié au dispositif technologique là où il fait sens pour le spectacle : dans la liberté de jeu donnée aux interprètes. Le choix des micros correspond à cette volonté : extrêmement polyvalents, ils peuvent être utilisés, par l’interprète lui-même, dans une très large palette de situations adaptées au concept d’ensemble. L’élaboration du langage instrumental de la pièce se construit à partir du geste, et des différents détournements possibles du même outil : captation de la vitesse du mouvement, enregistrement des sons du corps, parole, chant, son du geste, résonance de l’espace, feed-back, percussion, etc.

Le mouvement est ainsi capté sous forme de données (lorsque le micro est utilisé en tant que capteur) et simultanément dans ses caractéristiques physiques et sensuelles – via le son transmis par le micro lui-même. Le danseur intervient de la voix, du souffle, il devient attentif au son qu’il produit lui-même, comme s’il jouait d’une « caméra sonore » retranscrivant le mouvement de son corps dans l’espace, et que ce mouvement devienne à son tour partie intégrante de la musique. Les micros sont également utilisés comme canaux de génération sonore, dans le cas des feedbacks produits par leur voisinage avec les hauts-parleurs. La position du corps dans l’espace a alors la double vocation de déclencher le feedback, et de contrôler en permanence sa qualité, son intensité et ses nuances. La gestuelle devient spécifiquement instrumentale, en résultant très finement du mouvement dans un espace chargé de tensions.

Isabelle Choinière et Thierry Fournier, Montréal, 2000

Le Trésor des Nibelungen

installation interactive, avec O. Auber & E. Berriet, 2000

Installation interactive, 2000
Olivier Auber, Emmanuel Berriet, Thierry Fournier
Interprètes : Armelle Orieux (soprano), Laura Gordiani (alto), Jean-François Chiama (ténor), Eric Guillermin (basse).

L’installation interactive Le Trésor des Nibelungen est un des tous premiers exemples d’œuvres reposant intégralement sur l’expérience d’un espace virtuel. Elle a été conçue autour de la Chanson du Nibelungen (XXIIe s.) et du mythe auquel elle a donné naissance, qui constitue un monument invisible de l’histoire allemande et notamment de la ville de Worms où il se déroule. Conçue et réalisée par Olivier Auber, Emmanuel Mâa Berriet et Thierry Fournier, elle faisait partie intégrante du Musée du Nibelungen de Worms en Allemagne (conçu par Olivier Auber et Bernd Hoge) dont elle concluait la visite, et où elle a été exposée de manière permanente entre 2000 et 2008. 

L’installation postule que le trésor des Nibelungen, au-delà de son hypothétique existence matérielle, est plus certainement composé par l’ensemble des représentations auxquelles il a donné lieu pendant l’Histoire : de la littérature à la peinture en passant par la Tétralogie de Wagner. Les visiteurs voient la ville de Worms d’en dessous, comme si le sol était devenu transparent. Cet espace ouvert sous la terre est habité par l’ensemble des images suscitées par la légende et par une représentation des trois talismans principaux du trésor : l’anneau, l’épée et le sceptre – qui renvoient à la tripartition symbolique classique mise en évidence par Georges Dumézil.

L’espace virtuel se déploie par une projection à 360° autour des spectateurs, qui naviguent dans cet espace par l’intermédiaire d’une interface individuelle située au centre de la salle. L’ensemble des images, des sons et des musiques sont dotés de comportements qui réagissent en temps réel à la navigation du spectateur. C’est notamment le cas de la musique créée pour quatre solistes (soprano, alto, ténor, basse), électronique et programme temps réel, dont l’ensemble de la composition se crée intégralement en direct au fil des parcours dans l’espace. Intégralement processuel, le dispositif compose aussi bien l’électronique et la spatialisation des sons que les partitions vocales, à partir de micro-fragments enregistrés avec les musiciens.

À travers ce parcours dans l’espace qui appelle ainsi à un geste instrumental de la part du visiteur, se construit une expérience temporelle et individuelle de circulation continue dans le temps, l’écriture, les images et la musique – et par là même une remise en jeu et en perspective de ces représentations.

Extraits de captations musicales :






Captation vidéo (dispositif à un seul écran, 2002)

Photographies d’exposition (Musée des Nibelungen, Worms, 2000) et screenshots

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Photographies © Oivier Auber, Emmanuel Mâa Beriet & Thierry Fournier, 2000

Core

Création musicale, 1999

Création musicale, 1999
Avec la voix d’Alyson Wishnousky

Core a été composée à partir d’une série de conversations enregistrées à Montréal avec Alyson Wishnousky (danseuse et performeuse) qui parle de la sensation qu’elle éprouve dans le mouvement. Une écriture s’est élaborée à partir de sa voix et d’un ensemble d’oscillations saturées, filtrées, autour d’une pure notion de mise en vibration et en déplacement, du passage de l’immobilité au mouvement. Core est jouée en concert sur ordinateur et sherman.

(…) it’s all about time and movement and space they all form the same patterns together at the same time so it makes the heart beat faster and the breath speed up and the body warm up and it generates heat like fire so thats where the movement and gestures relate (…) its all about air and breath and breath generates life and allows more space opens up more space in the body in the pores enters air and water and fire they mingle a continuous spiralling of the spine spiral waves waves continuous waves (…)

Extraits


Photographie : performance avec Emmanuel Berriet, ISEA / Divan du monde, 2000

Archives musicales

compilation, 1985-2005

Cette page regroupe de manière transversale des créations musicales et sonores, des pièces live comme Core ou Vers Agrippine, des captations sonores d’installations et de performances qui accordent une part importante à la musique et au son, comme Le Trésor des Nibelungen, Ce qui nous regarde, Conférences du dehors, Frost, Sirène, et enfin des musiques créées pour des spectacles ou des films comme Sweetest Love, Les Paravents ou Architecture du Paradis. Les liens renvoient vers les œuvres correspondantes lorsqu’il s’agit d’installations.

Ce qui nous regarde, 2005
Captation sonore de l’installation interactive
Ensemble de 6 guitares électriques, 6 violons, 6 altos et 4 violoncelles générés en temps réel par les déplacements des spectateurs dans l’espace de l’installation. Extrait :

Vers Agrippine, 2004
Electronique live. Avec les voix de Hiromi Asaï et Véronique Gens. Extrait :

Ping-Pong, 2003, avec Juliette Fontaine

As, 2002
Pièce électroacoustique.

Tokyo Fishmarket, 2002
Parcours en « ready-mixed » dans la criée du marché au thon de Tokyo : les déplacements dans l’espace créent le mixage en direct.

Core, 2000
Pièce électronique live. Avec la voix de Alyson Wishnowska. Extraits :


Architecture of Paradise, 2000
Pour quatre voix et électronique, créée pour l’installation éponyme de Marie Sester.
Interprètes : Armelle Orieux (mezzo-soprano) Laura Gordiani (alto), Vanda Benes et Lyndee Mah (voix parlées). Extraits :


Le Trésor des Nibelungen, 2000
Pièce interactive, générée par les déplacements des visiteurs dans un espace virtuel.
Interprètes : Armelle Orieux (soprano), Laura Gordiani (alto), Jean-François Chiama (ténor), Eric Guillermin (basse).
Extraits :






Visite du soir espoir, 1993
Pour guitares et basse électrique.



Le Poids de la tête, 1988
Guitares et basses électriques, percussions, électroacoustique, avec la voix de Dominique Ros de la Grange

Duo des Fleurs, 1986
Pour trois guitares électriques et basse préparée

Pièces de commande

Les Chaises, création musicale et sonore pour la scène, 2003

L’Onde Sonore, création musicale pour les cérémonies du millénaire, Paris, 2000

Bande-son du trailer cinéma de Rezo Films, 1993 :

Pandore

revue, 1997 – 2004

Revue
neuf numéros parus de 1997 à 2004

Le projet de Pandore consiste à proposer à des auteurs de toutes disciplines (artistes, scientifiques, metteurs en scène, acteurs, journalistes…) de livrer un extrait sonore de durée libre (de quelques secondes à quelques minutes), témoignant de leur travail en cours. Tous les extraits sont montés bout à bout en respectant rigoureusement leur ordre d’arrivée, sans intervention de remontage, de mixage ou d’habillage. L’ensemble a donné lieu à une distribution sur CD et à des écoutes en public à l’atelier de la rue Martel de 1999 à 2001, puis à Lelabo (Paris). Le choix des invités s’effectue en fonction de la possibilité de leur intervention dans le cadre d’une revue purement sonore, quel que soit le médium de leur travail; elle n’invite donc pas spécifiquement des musiciens, compositeurs ou artistes sonores.

Ecouter des extraits des numéros : numéros 0 à 5, numéros 6 et 7, numéro 8, numéro 9 et le numéro hors-série consacré aux pièces sonores de Juliette Fontaine.

Interview de Thierry Fournier par Arnaud Laporte, Multipistes (France Culture) 24 avril 2003 :

Trailer de la revue (1998) :

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